mardi 28 février 2012

L’administration avait besoin d’être secouée




Ceux qui s’évertuent depuis quelques temps à tout critiquer et qui voient l’échec partout, donnant de la situation actuelle du pays un tableau aussi sombre que celui véhiculé dans les discours, oublient que tout excès est nuisible, même dans l’opposition politique saine.

Il est ainsi des négationnismes qui font perdre de la crédibilité, si tant est que l’objectivité doit rester la valeur la mieux partagée en démocratie, un système politique, l’un des les plus élaborés, où les oppositions d’idées transcendent les oppositions personnelles. On peut ne pas aimerMohamed Ould Abdel Aziz, où la majorité au pouvoir, mais on ne saurait souffrir de cécité face aux réalisations accomplies en si peu de temps et dans tous les domaines.

On ne peut surtout exprimer un si grand mépris pour l’intelligence des Mauritaniens ni souffrir d’un si profond manque de foi, pour soutenir en toute logique que depuis 2009, rien n’a été fait. Exprimer une telle position et y croire, tout en voulant forcer cette certitude auprès des autres, est à la fois puérile et ridicule.

Qui douterait encore des bonnes intentions du président Mohamed Ould Abdel Aziz de lutter contre les pesanteurs d’une Mauritanie encore prisonnière de réflexes et de pratiques grégaires ? Certes, comme tout humain, il n’est pas faillible et personne ne saurait voir dans toutes ses entreprises une totale perfection. Ce serait le summum de l’aveuglement partisan, dont l’élite intellectuelle doit se départir non sans verser dans les aigreurs excessives. Certes, Mohamed Ould Abdel Aziz ne détient pas toutes les vérités, ni ne concentre entre ses mains l’ensemble des connaissances.

D’où l’apport complémentaire des hommes et des femmes qu’il a personnellement choisis pour l’aider à gouverner ce pays. D’où aussi le grand besoin qu’il nourrit vis-à-vis de la société civile, de tous les Mauritaniens patriotes, mais surtout d’une opposition conseil, d’une opposition démocratique et républicaine, capable de l’aider à mieux gouverner.

Sans avoir la prétention de récapituler ici les innombrables réalisations abattues en si peu de temps de règne, sur le plan des infrastructures routières, des hôpitaux, de l’aménagement territorial, de l’urbanisation, avec la vaste restructuration des bidonvilles, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de la lutte contre la pauvreté et l’emploi, pour ne citer que ceux-là, c’est surtout quelques vérités crues sur le fonctionnement de l’administration qui retiennent, à mon avis, l’attention, actualité oblige.

Il n’est un secret pour personne, sauf pour ses détracteurs, que Mohamed Ould Abdel Azizn’est jamais intervenu dans le fonctionnement interne des départements ministériels et ne s’est jamais interféré dans la gestion des ministres. Par contre, il accorde au bon fonctionnement du service administratif une attention toute particulière.

D’où sa sortie, un peu musclée, il y a quelques jours pour secouer les membres du gouvernement sur les horaires et l’absentéisme des fonctionnaires. Sitôt la réunion achevée, ce fut un véritable branle-bas de combat dans toutes les administrations. Cette attitude appelle de ma part une remarque désobligeante. Elle démontre hélas que les habitudes ont la peau dure et que cette propension du chef à tout régenter pour que ses collaborateurs fassent leur devoir, reste récurrente, malgré toutes les révolutions que le pays a connues.

Le président de la République n’est pas un super homme et n’a aucun pouvoir d’ubiquité pour être partout et avoir l’œil sur tout. D’où de sérieuses défaillances au niveau de l’exécution des tâches qui souffre encore des séquelles d’un long héritage.

Le président souffre surtout d’une peur injustifiable que certains ressentent à son égard, malgré ses efforts soutenus pour égaliser ses rapports avec ses collaborateurs. Pourtant, à chaque fois qu’un problème lui est posé ou qu’il souhaite prendre une décision dans un domaine donné, de l’aveu même des hauts responsables de l’Etat, il a toujours requis l’expertise du ministre ou du responsable concerné. Ces derniers, au lieu de l’éclairer sur ces points pour lesquels il les sollicite, avalisent souvent l’idée qu’il leur soumet, au lieu de lui en ressortir l’impossible faisabilité pour des raisons techniques ou juridiques si cela se pose.

Les exemples sur ce point sont pléthoriques. Si certains parmi ses conseillers se contentent de recueillir ses instructions, sans en relever les éventuels défauts, quitte à forcer par la suite leur application, d’autres vont jusqu’à la feinte admiration. Sans entrer dans les appréciations de tels comportements, il est certain que le président Mohamed Ould Abdel Aziz préfèrerait de loin les vérités, plutôt que les actes renouvelés d’allégeance. Si chacun jouait convenablement son rôle sans attendre éternellement à ce que le président ne le lui rappelle, laMauritanie se serait mieux portée.

Alioune Sarr

Inspecteur des Impôts

Direction des Domaines


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