mercredi 21 mars 2012

Le passif humanitaire bat des ailes : Qui souffle sur les braises du contentieux ?


(Retour de refugiés en 2008. Crédit photo : DR)
Dans quelques jours, un beau monde de victimes, notamment : les ayants – droits des victimes civiles et militaires, les orphelins des victimes civiles et militaires, déportés, victimes des évènements de 1986 -1991, sympathisants et familles vont célébrer en rang dispersé, le troisième anniversaire de la « réconciliation nationale ». Ce sera le 25 mars à venir.
Si tous avaient l’habitude de se retrouver chaque année pour célébrer l’évènement ensemble, il n’est pas certain qu’il en soit de même cette année. La raison principale en est que le Collectif des Victimes de la Répression (Covire) est divisé à la suite de l’élection d’un nouveau bureau que conteste l’ancien bureau. Des contestations qui n’ont pas lieu d’être dès lors qu’il s’agit du renouvellement d’un bureau dont le mandat était arrivé à termes depuis le mois de Mai de l’année dernière. Mais la démocratie n’est pas un Etat d’esprit ancré dans les mentalités pour accepter le verdict des urnes. A l’heure du bilan, que pourrait-on dire du chemin parcouru depuis qu’en mars 2009, Covire et le HCE avaient noué un partenariat pour le règlement consensuel du passif humanitaire, histoire de tourner définitivement cette page sombre de l’histoire du pays. Pour rappel, les deux partenaires dans ce dossier avaient signé un protocole d’accord le 24 mars 2009. Le 25 mars de la même année, en pleine crise politique née du coup d’état ayant renversé Sidi Ould Cheikh Abdellahi le 6 août 2008, Mohamed Ould Abdel Aziz se rendait à Kaédi où il reconnaîtra officiellement les exactions commises à l’endroit de la communauté négro-africaine. A cet effet il a organisé une prière aux morts puis demandé le pardon pour le mal qui a été fait. Aussi a t-il pris l’engagement
solennel de régler le passif humanitaire. « Je vais panser les plaies béante. Aucune indemnisation, aucun compromis n’équivaudra jamais à une vie humaine. L’être humain est irremplaçable dans son milieu. Pour les veuves et les orphelins, nous compatissons du fond du cœur. Nous sommes là, pour mettre fin aux souffrances du peuple quelque soit leur nature». Pour marquer le clou de l’évènement, il institua le 25 Mars comme journée nationale de la réconciliation.
Par ce discours apaisant qui est allé droit au cœur des victimes, il redonnait ainsi espoir aux nombreuses victimes négro-africaines de ces années de plomb des régimes d’exception, qui se sont succédés au pouvoir.
Si l’on devait faire le bilan des engagements pris par le président de la république pour satisfaire les doléances des victimes, on pourrait dire qu’il est mitigé. Certes qu’il a procédé à la reconnaissance officielle des exactions ; la prière aux morts effectuée à Kaédi le 25 Mars 2009, instituée comme journée nationale de réconciliation ; la réparation financière des veuves et ayants droits des victimes tuées en détention ; l’octroi des parcelles aux veuves indemnisées ; la réintégration de 144 instituteurs dont 54 atteints par la limite d’âge ; mais beaucoup d’autres doléances souffrent dans des tiroirs. Par exemple, les victimes ou ayants droit du secteur parapublic et privé n’auraient pas été recensées, ainsi que le secteur informel. Les dossiers des autres collectifs COREMI, Policiers, REVE, Orphelins et veuves des victimes civiles est sujet à caution en même temps que la question foncière reste encore un sujet de préoccupation. L’insatisfaction de ces dossiers ou leur mauvaise gestion expliquent largement la tourmente qui s’est emparée de Covire. Reste que le chef d’Etat Major particulier du chef de l’Etat semble incapable de gérer ce dossier à la satisfaction des victimes. Plus grave, au train où vont les choses, la journée du 25 mars 2012 promet d’être tumultueuse entre les protagonistes. A moins que le chef de l’Etat ne le veuille autrement.
Moussa Diop
Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 21/03/2012
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